Interview de Ghislaine Alajouanine - le label HS2
Lorsque nous avons contacté Ghislaine Alajouanine pour la 1ere fois, elle partait pour la Birmanie avec la « Télémédecine sans frontières », dont elle est fondatrice. Chef d’entreprise, Présidente du Haut Conseil Français de la Télésanté, elle est aussi à l’origine du label HS2 qui répond à la Troisième dimension du Développement Durable: Santé Sécurité Solidarité pour un mieux vivre et bien viellir…dans un ecosystème qui conjugue l’économique et le social.
Indépendance Royale : A quand remonte votre intérêt pour la Télémédecine ?
Ghislaine Alajouanine : Je viens de la Creuse, cette région où on est dans l’angoisse du « loin de tout », « et s’il m’arrive quelque chose ? »... Il fallait donc trouver des solutions pour rompre l’isolement. Dans la famille j’étais proche d’un des plus célèbres neurologues au niveau mondial, le Professeur Alajouanine, chef de service à la Salpêtrière. Vers les années 1950 il faisait des diagnostics par téléphone à distance avec les femmes d’Emir, qui ne pouvaient pas voir un homme pour être soignées. Il donnait des indications au téléphone : « vous la faites marcher, là, elle traine la jambe droite, c’est parfait … », ensuite il prescrivait un traitement et regardait les effets la semaine d’après. Cela a été pour moi une révélation, qui est devenue une vocation : il fallait mettre les hautes technologies au service d’une santé pour tous !
IR : Votre activité a toujours touché aux domaines de la recherche médicale, de l’e-santé, du bâtiment ; la démarche HS2 donne une cohérence à tous ces éléments ?
GA : Absolument. En fait, le label HS2 est complètement différent des autres labels et normes qui sont parcellaires. Il s’inscrit dans une approche globale du lieu de vie et des usages qui regroupe dans le domaine du « Homecare » le «Hard», l’habitat et la domotique, et le «Soft» : les Services e-bien-être (lien social), les services connectés, la E-santé (lien numérique). D’où mon combat pour faire en sorte que la télémédecine soit banalisée. En tant que Présidente du Haut Conseil de la Télésanté, j’ai participé à la sortie en 2009 de l’Article 78 dans la Loi HPST qui a reconnu la télémédecine. Auparavant elle était punissable par la loi, car selon le serment d’Hippocrate, le médecin devait être physiquement présent au chevet des patients.
IR : Le label HS2 s’applique donc aux bâtiments, aux services, mais aussi à la ville, à la région...
GA : Bien sûr, au territoire. Vous rentrez dans la ville et vous voyez le panneau avec 3 macarons HS2. Cela signifie que cette ville a déjà pensé à toutes les personnes fragilisées : des espaces publics adaptés, des marches de 17 centimètres, le pharmacien fait porter des médicaments à domicile et explique les objets connectés, les transports en commun sont aussi adaptés. Actuellement, on est en train d’imaginer les wagons HS2 du futur ! D’ailleurs, mon idée de sécuriser les moyens de transport remonte à une dizaine d’années. A l’époque j’avais dit à un constructeur d’automobiles, qu’il faudrait équiper ses voitures de capteurs ; si la personne fait une crise cardiaque, elle appuie sur un bouton.
IR : Et le label HS2 appliqué au domaine du tourisme ?
GA : Par exemple, deux personnes veulent faire un voyage pour leur anniversaire de mariage : « Ce serait extraordinaire qu’on aille en Tunisie, à Tozeur, il y a un Sofitel merveilleux...». « Oh, mon pauvre chéri, mais tu sais que tu es cardiaque ! ». Or, imaginons que cet hôtel soit désormais « en HS2 » avec l’équipement nécessaire, avec des capteurs qui prennent les paramètres médicaux vitaux et ainsi déterminent s’il faut appeler une ambulance ! etc. Le taux d’occupation des hôtels va être boosté, parce qu’une nouvelle clientèle fragilisée qui n’osait pas voyager auparavant, va être attirée. C’est un vrai système gagnant-gagnant !