La retraite encore et toujours
Après son élection à la Présidence de la République, Emmanuel Macron a réaffirmé son intention d’engager des travaux autour de la réforme des retraites « indispensable au financement de nos transformations ». À l’issue des élections législatives, un Conseil national de la refondation sera mis sur pied. « La réforme des retraites entrera en vigueur dès l’été 2023 » a-t-il précisé.
En attendant, le nouveau ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt, s’est engagé à revaloriser les retraites à l’été 2022. Il a annoncé que le Sénat et l’Assemblée Nationale seront saisis d’un texte permettant d’indexer les pensions du régime général. La mesure pourrait entrer en vigueur au mois de juillet. La revalorisation prévue à hauteur de 4 % a été confirmée par la Première ministre Elisabeth Borne. Sur l’année 2022, la hausse réelle s’établit donc à 5 % avec l’augmentation réalisée en début d’année. Concrètement selon la Première ministre, pour une personne percevant 1 200€, cela fait 60€ de plus par mois. Les retraites de base des anciens salariés du privé sont concernées par la hausse, ce qui n’est pas le cas des retraites complémentaires gérées par les partenaires sociaux.
Malgré tout, l’augmentation reste en deçà de ce que préconisaient les syndicats de retraités.
La réforme dans le dur
Quant à la réforme des retraites, véritable serpent de mer des gouvernements successifs, les discussions ne démarreront qu’à la rentrée avec les partenaires sociaux. Plusieurs sujets risquent de mettre de l’huile sur le feu comme le recul de l’âge légal souhaité par le candidat Macron. Pour arriver à un départ à 65 ans, l’exécutif envisage de relever progressivement de 4 mois par an la durée de cotisation. La question essentielle est de pérenniser le système par répartition alors que le nombre de retraités progresse fortement par rapport au nombre des actifs. Pour autant, Emmanuel Macron a indiqué que la limite du départ en retraite pourrait être portée à 64 ans. Un pas en arrière dans une équation difficile puisque le Conseil d’orientation des retraites prévoit un déficit de 9 à 11 milliards d’€ d’ici à 2027 et jusqu’à 16 milliards d’€ en 2032.
La génération née en 1961 serait la première concernée par la nouvelle donne des retraites. D’autre part, le chef de l’État souhaite instaurer une pension de retraite minimum de 1 100€ pour une carrière complète.
Sus aux régimes spéciaux
La réforme des retraites place également parmi les thèmes récurrents la fin des régimes spéciaux remplacés par un système universel de répartition par points. Aujourd’hui 42 régimes se côtoient issus de l’Histoire. L’État et les entreprises privées ont imaginé des régimes de protection pour les personnes exerçant une activité spécifique et vitale pour l’économie française. En voici quelques exemples :
- En 1673 : Colbert, ministre de Louis XIV, crée une pension pour les marins blessés qui ne peuvent plus continuer leur activité
- En 1806 : régime de retraite de la Banque de France
- En 1812 : régime de la Comédie Française
- En 1831 : loi sur les pensions militaires
- En 1853 : loi sur les pensions civiles des agents de l’État
- En 1894 : loi créant le régime de retraite des Mines
- En 1909 : loi établissant le régime de retraite des chemins de fer
- En 1928 : loi spécifiant le régime de retraite des ouvriers de l’État
Pour certaines de ces activités, des caisses d’assurance maladie sont aussi mises en place. Le régime général créé en octobre 1945 par l’ordonnance instituant la Sécurité sociale ne fera pas disparaître les régimes spéciaux, plus avantageux. Cette suppression est une grosse épine dans la mise en œuvre de la future réforme.