"Mon Logement, Ma Vie" Episode 11
Dans "Mon Logement, Ma Vie", les seniors ont la parole ! Dans cet épisode, rencontre avec Marcel, 83 ans. Il habite à Avignon avec sa femme, atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Dans "Mon Logement, Ma Vie", les seniors ont la parole ! Dans cet épisode, direction Avignon où on rencontre Marcel. A 83 ans, il s'occupe de sa femme atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Journaliste : Comment ça se passe pour vous cette période ?
Marcel : Ça ne se passe pas trop mal parce qu’on est dans une villa. Vous savez, on a 600 m² de terrain. Donc avec mon épouse on n’a pas du tout à se plaindre, vous savez.
Journaliste : Vous avez quel âge ?
Marcel : Moi, j’ai 83 ans.
Journaliste : 83 ans !
Marcel : Ma femme, elle a 82 ans.
Journaliste : D’accord.
Marcel : Et ma femme est malade. Elle a l’Alzheimer depuis 3 ou 4 ans.
Journaliste : Et c’est vous qui vous en occupez ?
Marcel : Oui, je m’en occupe tout seul. C’est moi qui fait le dîner, c’est moi qui fait tout !
Journaliste : A quoi ça ressemble une journée type pour vous ?
Marcel : C’est un petit peu long, c’est sûr. Moi, je me lève assez tôt parce que je ne dors pas très bien parce que ma femme est malade. Ma femme dort jusqu’à 10h elle. Moi, je me lève souvent à 6h. Je me lève et je lis un peu. Quand elle se lève, il faut que je m’occupe d’elle, il faut que je lui donne ses médicaments. Après je la fais déjeuner. Une fois qu’elle a déjeuné on descend dans le jardin. On fait un petit tour, on arrache un petit peu de l’herbe, on bricole un peu. Et après on monte, je prépare le dîner. Et l’après-midi on fait pareil, on redescend dans le jardin. Alors là, on descend, on lit un peu de journaux, on fait de la lecture, on passe 3h à peu près. Après on remonte de nouveau et on regarde la télé, voilà. J’ai beaucoup de DVD, des films anciens, tout ça. La journée se passe comme ça. Je sors une fois tous les 10 jours pour aller faire des courses, je fais le plein et je suis tranquille. Avant ce qu’on faisait avec mon épouse, on aimait beaucoup marcher, vous savez ! Alors on marchait déjà une heure le matin, une heure et demie l’après midi. Ça me manque.
Journaliste : Et avant le confinement le 17 mars, il y avait des personnes qui vous aidaient dans la prise en charge de votre épouse ?
Marcel : Non non, c’est moi qui m’en occupe. J’ai des enfants mais les enfants travaillent. Alors c’est moi qui m’occupe de mon épouse. Une fois qu’elle ne pourra plus se laver je ferais venir quelqu’un, ça c’est sûr ! Je vérifie ses médicaments, je surveille quand elle s’habille.
Journaliste : Heureusement que vous êtes autonome !
Marcel : Oui, je suis très autonome. Je suis en forme puisque dans toute ma vie j’ai fait du sport. Depuis l’âge de 15 ans jusqu’à 60 ans, j’ai fait du judo et du karaté. J’ai entraîné des gens. Donc, ça y fait. Aussi avant que ma femme soit malade, on aimait beaucoup danser. Toutes les semaines, on allait danser.
Journaliste : En dehors de la marche, qu’est-ce qui vous manque le plus pendant cette période ?
Marcel : C’est surtout ça qui me manque. Une fois par semaine, j’amenais mon épouse, on faisait resto/ciné. On allait au cinéma, puis on rentrait, une fois par semaine. Et on allait voir ma belle-sœur. On sortait ensemble tous les trois. Voilà !
Journaliste : Ça, ça vous manque ?
Marcel : Ah oui !
Journaliste : Comment est-ce que vous vous organisez pour échanger avec vos proches, vos enfants ?
Marcel : Et bien, les enfants me téléphonent puisque j’ai un garçon et une fille puis 4 petits enfants mais ils sont tous grands. Ils me téléphonent. Ma fille, elle passe très souvent. Elle me téléphone tous les jours et passe trois fois par semaine. Je garde 1 mètre. Je fais très attention parce qu’elle travaille. Voilà, ça se passe comme ça. Et des fois, elle ne veut pas que j’aille faire mes courses, elle a peur que j’attrape la maladie. Pourtant je mets les gants, je mets les lunettes et je mets le masque. J’y vais au moment où il y a très peu de monde. Donc, je fais très attention. Quand je vois les gens, je passe de l’autre côté. Vous voyez, je fais très attention.
Journaliste : Vous échangez, donc vous me disiez par téléphone avec vos proches. Vous vous appelez régulièrement ?
Marcel : Ah oui, ma fille et mes petits-enfants nous appellent.
Journaliste : Vous vous appelez régulièrement ?
Marcel : Ah oui, on est proches. Nos 4 petits-enfants, ce sont que des garçons, on les a beaucoup beaucoup gardés donc on est près d’eux. Ca y fait ça !
Journaliste : Oui, ça y fait.
Marcel : Oui, ils sont très proches de nous.
Journaliste : Est-ce que, c’est une question taquine que je vous pose là. La promiscuité permanente avec votre conjointe, est-ce que ce n’est pas trop compliquée à gérer ?
Marcel : Si, ça me pèse un peu parce que je suis avec elle tout le temps. Du matin au soir et si quelque chose ne va pas la nuit, je suis toujours là. C’est un peu difficile parfois. Mais bon, c’est mon épouse et je l’aime. On s’est mariés, pour le meilleur et pour le pire. Donc tant que je suis en bonne santé je m’occupe de ma femme. Ça, c’est certain !
Journaliste : Par moment ça doit vous manquer aussi d’avoir une petite bouffée d’oxygène rien que pour vous ?
Marcel : Oui, mais quand je sors faire des commissions, je reste une heure et demie. Je ferme bien la maison. Ça va quoi. Ça me fait du bien et ça me manque un peu. Je suis tout à fait d’accord avec vous.
Journaliste : Dans quelle pièce vous vous retrouvez le plus souvent finalement chez vous ?
Marcel : Dans le salon, là où il y a la télé. Puisqu’on a un salon / cuisine qui est assez grand on reste tout le temps là. Il y a notre chambre aussi. En bas il y a aussi d’autres pièces. Elle est grande notre villa. Avant il y avait nos enfants mais maintenant on n’est plus que tous les deux et la maison est toujours grande.
Journaliste : Comme vous êtes indépendant vous pouvez encore vous occuper de votre épouse, j’imagine que c’est important aussi d’être chez vous et pas dans une maison de retraite ou un autre établissement ?
Marcel : Ah oui oui, je comprends. Oh c’est l’avenir qui nous le dira. Mais ça on ne peut pas le savoir. Mais ce que j’en suis sûr, c'est que tant que j’aurai mes facilités, je garderai mon épouse. Je ne la placerai pas, ça c’est hors de question. Ça fait 40 ans qu’on habite à Avignon.
Journaliste : Donc, on ne change pas du jour au lendemain ?
Marcel : Non non. On est bien dans notre maison et puis on l’aime notre maison !
Journaliste : Mais c’est du boulot à entretenir quand même.
Marcel : Oh bien sûr. Quand il y a quelque chose, il y a mon fils qui est un touche à tout, il fait tout faire ! Quand j’ai un petit problème ou quelque chose, je lui téléphone. Tout de suite il est là !
Journaliste : Marcel, est-ce que vous pensez à la suite ?
Marcel : J’y pense un peu. Il va falloir se protéger quand même parce que j’ai peur de la deuxième vague là. On ne sait jamais. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas très responsables. Mais beaucoup sont responsables. Il y a toujours une partie infime qui n’est pas responsable et ce sont ceux-là qui sont dangereux.
Journaliste : En tout cas, vous vous protégerez ?
Marcel : Oh pour moi, oui. On a fait des masques en tissu, vous savez ? On en a fait une quinzaine. Donc, on pourra les laver quand on ira se promener tous les deux. On mettra chacun le masque, ça c’est sûr et certain. J’éviterai les gens autant que possible. On leur dira bonjour comme ça, d’accord mais on n’ira pas leur toucher la main ou faire la bise, non non non ! Pas tant qu’il n’y aura pas de sécurité absolue.
Journaliste : Et du coup vous pouvez recevoir à nouveau vos proches ?
Marcel : Oui, bien sûr. On a deux couples d’amis. On ne peut pas les recevoir. On se téléphone mais ce sont des gens avec qui on allait danser pendant des années et des années. Mais pour l’instant chacun reste chez soi. Voilà !
Journaliste : En sécurité !
Marcel : Oui, tout à fait.
Journaliste : Qu’est-ce qu’on peut vous souhaitez pour la suite, Marcel ?
Marcel : La santé ! La santé pour que je puisse bien m’occuper de mon épouse. C’est tout !
Journaliste : Ecoutez. Je vous souhaite le meilleur pour vous : la santé pour votre épouse et pour vos proches.
Marcel : Mais également pour vous Monsieur. Je vous remercie de votre gentillesse.
Journaliste : Merci beaucoup Marcel.
Marcel : Mais merci à vous Monsieur !
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Témoignages recueillis par Jean-Baptiste Vennin