"Mon Logement, Ma Vie" - Gilbert, 73 ans
Dans "Mon Logement, Ma Vie", les seniors ont la parole ! Pour ce troisième épisode, nous nous rendons du côté de Briançon retrouver sur place Gilbert, bientôt 74 printemps. Veuf, Gilbert vit avec son ami. Il a deux enfants et 5 petits enfants.
Bienvenue dans la 3e saison de « Mon logement, ma vie ». Comme lors des 2 précédents, nous continuons d’aller à votre rencontre pour prendre de vos nouvelles. « Mon logement ma vie », c’est le podcast qui vous donne la parole. Un programme à écouter sur independanceroyale.com, disponible également sur l’ensemble des plateformes de diffusion de podcast. Et pour ce troisième épisode, nous nous rendons du côté de Briançon retrouver sur place Gilbert, bientôt 74 printemps. Veuf, Gilbert vit avec son ami. Il a deux enfants et 5 petits enfants.
Journaliste : Bonjour Gilbert et merci de répondre à mes questions. La première d’entre elles : comment s’est déroulée pour vous et vos proches finalement la fin d’année, notamment les fêtes de fin d’année 2020.
Gilbert : Ça s’est passé bien. Noël, je l’ai passé donc avec mon ami qui habite avec moi. On a passé chez ma fille. On a passé le réveillon de Noël et le jour de Noël. Et le jour de l’An, on l’a fait en tête à tête chez nous tous les deux.
Journaliste : Ça va, ce n’était pas trop compliqué d’être qu’à deux ?
Gilbert : Non, pas du tout ! Le Covid ne nous a pas trop impacté. Non, le moral est resté intact et je vais vous dire que ça m’a même permis de faire de la création. Je fais de la photo, je m’occupe d’un club photo. Début 2020, au début du premier confinement, on a fait une photo style Bodin’s. On a fait une photo humoristique sur le confinement. Ça a plu à la famille. J’ai envoyé ça à tout le monde. Ça a plu à toute la famille et du coup, toutes les semaines je leur envoyais une photo que j’avais fait dans la semaine. Et j’envisageais de faire une exposition sur les Bodin’s pendant le confinement. Donc, le moral était là, quoi.
Journaliste : Et de manière générale pour vous, alors comment s’est déroulée l’année 2020 avec ces 2 confinements ?
Gilbert : Quand nous, on va faire nos courses entre midi et demi et 1 heure quand il n’y a personne. On évite les grandes concentrations de personnes. Autrement, j’ai une maison individuelle avec un jardin. Donc, on avait le transat. Le confinement n’a pas gêné. On était là dans notre gazon. On faisait des jeux. On jouait au ping pong. On jouait à la pétanque. Puis l’après-midi, on faisait la sieste au soleil, dans le gazon. On n’était pas trop confiné et le moral était là. Et il n’y a pas de problème.
Journaliste : Est-ce qu’il y a malgré tout de différence entre le premier et le second confinement parce que le 1er c’est vrai que c’était au printemps avec les moments de beaux jours et tout ça. Donc, c’était l’occasion ou jamais de profiter du jardin notamment. Mais sur le 2nd, c’est un peu plus l’automne. Est-ce qu’il y a eu une différence finalement entre les deux, la façon dont vous l’avez vécu ?
Gilbert : Disons que, moi comme je fais de la photo et que j’aime bien aller dans la nature, j’ai apprécié le deuxième confinement où on a allongé la distance de sortie qui est passée d’un kilomètre à 20 km. Donc là, je pouvais aller dans la nature, aller dans la montagne et faire des photos. Donc, j’étais beaucoup plus libre. Donc là, c’était de plus en plus intéressant et ça ne m’a pas gêné. Au contraire, j’ai repris mes activités d’avant. Soit j’étais à la maison, à bricoler à la maison, soit j’étais dans la nature. Donc, ça ne m’a pas gêné. Je n’ai pas été traumatisé parce que je n’étais pas enfermé. Je pouvais sortir, je pouvais être dans mon gazon. Je n’ai pas de jardin, j’ai un gazon. Non, on n’était pas perturbé moralement.
Journaliste : Vous me disiez tout à l’heure que vous avez donc votre ami, que vous avez vos 2 filles et 5 petits-enfants. Comment ça s’est aussi passé pour eux ? D’abord, est-ce que tout le monde va bien aussi, tout le monde se porte bien dans la famille ?
Gilbert : Oui, tout le monde va bien. J’ai ma fille aînée, qui était au Canada pendant 15 ans, qui est revenue. Ils habitent en Bretagne, ils ont acheté une maison là-bas. Donc, ils ne sont pas trop touchés. Et ma deuxième fille était au Mans et est revenue sur Briançon. Elle habite à 7 km de chez moi. Donc, elle travaille à 200 mètres de chez moi là. Donc, on se voyait de temps en temps et tout le monde va bien. Les enfants sont à l’école. Tout le monde a le moral, tout le monde va bien.
Journaliste : Donc, cette année 2020 s’est plutôt bien passée, vous me le dites. Est-ce que vous avez par contre des craintes pour cette année 2021 ? Est-ce que vous craigniez, par exemple, un 3e confinement ?
Gilbert : Surement, il y a des chances que ça arrive. Moi, je pense qu’on l’a cherché parce que si les Français ont été plus sérieux et avaient fait attention dès le début, je pense qu’on n’en serait pas là. Les gens pensent que vous allez faire les courses. Les seuls qui n’ont pas le masque sont les touristes. Voilà, ils arrivent. Il y a des panneaux partout en disant le port de masque obligatoire en ville. Les gens se promènent et regardent les vitrines et n’ont pas de masque alors que les gens d’ici ont le masque. Ma foi, les gens font ce qu’ils veulent. Voilà. Moi, ça ne va pas me traumatiser plus que ça. Je suis bien dans mon gazon. Les gens, ils sont dans leur appartement à eux et ils sont confinés. Ils n’ont pas le moral, ils l’ont cherché ! Comme vous voyez là raid party qu’ils ont fait à 2500, c’est n’importe quoi, on le cherche. Si on avait fermé les frontières dès le début comme ont fait les pays du Nord, on n’en serait pas là non plus. On l’a cherché et on l’a eu. Ça ne baisse pas mon moral.
Journaliste : À bientôt 74 ans, vous êtes considéré comme une personne à risque par les Autorités Sanitaires. Est-ce que ça vous inquiète ou pas plus que ça ?
Gilbert : Pas du tout. Puis le vaccin, j’attends que tout le monde le fasse et que je vois comment les gens réagissent en étant vaccinés. Ça fait des années qu’on m’envoie un vaccin contre la grippe. Je ne l’ai jamais fait et je n’ai jamais été malade.
Journaliste : Justement vous m’en parlez, c’est bien vous emboitez le pas. C’était l’objet de ma prochaine question. Vous allez faire aussi parti de, la fin du mois de janvier normalement, des personnes prioritaires pour se faire vacciner. Est-ce que vous l’attendez avec impatience ce vaccin ? Est-ce que vous allez vous faire vacciner du coup ?
Gilbert : Non, pas du tout. Je n’ai pas l’intention de me faire vacciner. J’attends de voir la réaction des gens. Quand j’achète quelque chose de nouveau, je ne l’achète pas tout de suite pas comme font les gens qui s’y intéressent. J’attends que les gens achètent la chose et je vois après si c’est bon ou si ce n’est pas bon en fonction de ce que les gens disent sur Internet. Le vaccin, c’est pareil. Moi, faire un vaccin à toute vitesse. Soi-disant qu’il n’y a pas de suite derrière. C’est bien ! Les gens vont se faire vacciner. J’attendrais que les gens se fassent vaccinés et je verrais les réactions des gens après, si c’est bien ou pas bien. S’il n’y a pas de problème, je me ferais vacciner. S’il y a des problèmes…Non pour le moment, je n’ai pas l’intention de me faire vacciner.
Journaliste : Ils en pensent quoi vos proches et notamment vos filles ? Elles ne vous incitent pas à le faire ou elles disent : « papa, tu fais comme tu veux » ?
Gilbert : Non pas du tout.
Journaliste : Comment est-ce que vous échangez justement avec vos proches ? Est-ce que vous continuez à respecter les gestes barrières, la distanciation sociale ?
Gilbert : Oui, on fait attention. On fait attention. Bon, on ne se met pas à un mètre mais on fait attention quand même.
Journaliste : Tout à l’heure vous me parliez de la photo. Depuis que le coronavirus est en France, est-ce que ça a changé justement vos habitudes ? Est-ce qu’il y a des choses que vous faisiez avant que vous ne faites plus ou moins ?
Gilbert : Ça c’est sûr, parce que la photo j’en fais toujours. Mais là où ça a posé des problèmes, c’est que je m’occupe d’un club de photo et on a attaqué l’année en septembre et depuis mois de Janvier on n’a plus fait de réunions. Depuis début 2020, on a arrêté de faire des réunions.
Journaliste : Ça doit vous manquer ça par contre ?
Gilbert : Ah oui. Comme toutes les associations, on a fait quelques sorties en été quand on pouvait. On a fait des sorties de groupe mais depuis, non. C’est reparti à zéro. Ça c’est gênant pour nous, c’est gênant pour les gens du club. C’est une partie sociale qui est rompue, quoi !
Journaliste : Gilbert, en dehors de la photo, quels sont vos hobbies ou passions ?
Gilbert : Le vélo. Ça fait 55 ans que je fais du vélo et 50 ans que j’ai fait de photo. Donc, je fais toujours du vélo. Je fais Briançon-Cannes aller-retour. J’ai fait deux fois Paris-Briançon. J’ai fait du vélo en Tunisie en faisant 100 km par jour en promenant et puis je faisais des photos.
Journaliste : Ah oui, 100 km par jour, ça va.
Gilbert : Mais quand on fait du vélo, ces 100 km par jour, ce n’est rien du tout.
Journaliste : Vous avez un cœur de sportif, alors.
Gilbert : Oui, mais dans la journée surtout que c’est plat là-bas. Ça permet de rester jeune. Ça permet d’avoir un esprit beaucoup moins jeune. Je joue beaucoup avec mes petits-enfants. Je suis toujours avec des jeunes qui n’aiment pas être avec des vieux. J’allais voir une personne âgée dans une maison de retraite. J’allais jouer à la belotte avec eux et puis la moitié sont tous morts. Donc, je n’y vais plus, mais il faut vivre.
Journaliste : C’est le cas. Vous avez raison. Vous avez des craintes sinon pour l’avenir, le vôtre ou celui de vos proches en raison de la pandémie et de ses répercussions et je pense notamment d’un point de vue économique ?
Gilbert : Moi, je suis à la retraite. Donc, je n’ai pas peur pour moi. Par contre pour mes enfants et mes petits-enfants, surtout les petits-enfants, je m’inquiète un peu parce que je ne sais pas comment tout ça va tourner. Je ne sais pas comment l’avenir est fait pour eux. Oui, ça m’inquiète un peu. Mais pour moi non, pas du tout.
Journaliste : Gilbert, on vous rappelle vous n’avez que 73 ans, bientôt 74 vous m’avez dit au mois d’Avril. Vous êtes en bonne santé. Vous êtes indépendant chez vous dans votre logement. Pourquoi c’est important cette indépendance chez soi ?
Gilbert : Être chez soi, c’est continuer à vivre. Moi, je connais beaucoup de personnes âgées qui sont en maisons de retraite. Après, ce n’est plus pareil. Vous perdez vos repères. Vous sentez vraiment que vous arrivez au bout de votre vie. Alors quand on est chez soi, on continue à vivre normalement.
Journaliste : Et avec vos habitudes ?
Gilbert : Oui, tout à fait.
Journaliste : Et chez vous, dans quelle pièce vous vous trouvez le plus souvent finalement ?
Gilbert : Soit dans la salle à manger, soit dans une chambre où j’ai mon ordinateur et je tripote mes photos. En ce moment, on est en plein concours dans les concours régionaux. On fait des concours régionaux de la Fédération photographique de France.
Journaliste : Donc vous faites ça depuis votre bureau ?
Gilbert : Voilà, depuis chez moi. Oui.
Journaliste : D’accord. Et vous êtes primé de temps en temps ?
Gilbert : C’est arrivé. J’ai la chance d’avoir gagné deux concours internationaux en Espagne.
Journaliste : Ah, vous n’êtes plus un amateur ?
Gilbert : Ça fait 50 ans que je fais de la photo.
Journaliste : Et entre le numérique et l’argentique, votre cœur y balance ou pas ?
Gilbert : J’ai été le dernier du club à me mettre en numérique parce que quand j’entendais les gens dire : « Oh, si ce n’est pas bon, je jette ». Ça me mettait en colère ça. Et puis je m’y suis mis un peu par obligation et maintenant je trouve ça formidable parce que quand je sortais avant, je faisais 20 photos parce que les diapos ça coutait cher. Quand j’ai fait 20 photos, 30 photos, j’avais beaucoup travaillé. Et maintenant je sors, je vais faire des photos parce que j’aime bien le sport. Donc, je fais des photos de sport. Dès fois je fais 800 photos dans l’après-midi. Donc, je peux me permettre de faire des choses que je ne faisais pas avant, quoi.
Journaliste : Oui, parce que 800 diapos, ça coûterait cher.
Gilbert : Oui. Mais non là avec le numérique, on peut faire des rafales. On peut prendre des photos tant qu’on veut. Et puis les photos, on les voit tout de suite. Il y a d’autre côté aussi au côté humain. Par exemple, il m’est arrivé quand j’étais en Tunisie avec mon vélo de photographier un couple avec leur enfant sur un dromadaire. Donc, j’ai fait la photo pour moi. Et puis je leur dis : « Est-ce que vous pouvez me donner votre email ? » Ils m’ont dit « Oui ». Je leur ai envoyé la photo. Bah, ça ne coûte rien. Voilà, on fait plaisir aux gens. Souvent, je fais des photos de personnes et je fais leurs portraits et je leur donne la photo. Les gens sont ravis. Ils sont contents. Moi, je fais une photo qui me fait plaisir et qui fait plaisir aux gens aussi.
Journaliste : Gilbert, ce sera ma dernière question. Nous sommes en période de vœux, quels sont les vôtres par rapport à cette année 2021, alors pour vous, vos proches et puis peut-être je ne sais pas d’un point de vue plus général ?
Gilbert : D’un point de vue général parce que ça profitera mes proches aussi, c’est que les gens soient plus sérieux et qu’on se mette vraiment à faire attention et que la pandémie arrête, parce que si on ne fait pas attention, on ne s’en sortira pas. Si chacun veut faire ce qu’il veut, je suis libre et je fais ce que je veux, et puis les gens ne pensent qu’à s’amuser. Donc il faut se dire qu’en 2 mois, on se prive, on fait attention et on s’en sort. Sinon, on ne s’en sortira pas. Mon vœu, c’est que les gens deviennent un peu plus sérieux. Voilà. Qu’on ait une vie normale après, mais avant d’avoir une vie normale il faut faire des privations pendant un certain temps.
Journaliste : Merci à Gilbert. Merci également à chacun d’entre vous qui nous suivait fidèlement depuis la première saison. Et si vous souhaitez réagir à cet épisode ou même témoigner prochainement comme vient de le faire Gilbert, rendez-vous sur le site internet et les réseaux sociaux de l’Indépendance Royale. Prenez soin de vous et à très vite.
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Témoignages recueillis par Jean-Baptiste Vennin