Ullo, pour se reconnecter au monde
Quand un doctorant en robotique, spécialisé dans les robots d’accompagnement, en relation avec le Centre Mémoire de Ressources et Recherche (CMRR) du CHU de Nice rencontre un chercheur en informatique qui a travaillé au LaBRI (Laboratoire Bordelais de Recherche en informatique) et à l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), spécialiste des interactions homme-machine, le courant passe forcément. Rémy Ramadour et Jérémy Frey se sont associés en 2016 pour créer Ullo.
Rémy Ramadour raconte.
« Les problématiques des Centres Mémoire et des laboratoires de recherche dont est issu Jérémy sont convergentes. Notre collaboration a légitimement débouché sur la création d’une société car on s’est dit qu’il y avait un savoir-faire labo et CHU et un besoin qui s’exprimait. Et surtout, adapter un environnement sensoriel à la personne, ça nous parlait. »
Mise en relation thérapeutique
Car le cœur de métier d’Ullo consiste à créer de la relation thérapeutique. Le propos, s’il est de soigner les personnes, est en amont de soigner les relations. La démarche d’Ullo s’adresse aux personnes souffrant de troubles cognitifs, de l’enfant autiste à la personne âgée développant la maladie d’Alzheimer par exemple.
« En fait, ces personnes sont souvent stressées, anxieuses, agitées comme nous le sommes avant un examen médical. Le temps passé par les soignants à établir le contact, la durée du soin est d’autant plus réduite. Donc nous imaginons des outils pour susciter le contact et la relation. Ces outils sont à destination des professionnels qui accompagnent les patients présentant des troubles cognitifs et de déficit de l’attention. Il s’agit de personnels de la santé mentale, de personnel travaillant en Ehpad, dans des structures comme l’Adapei...Depuis la pandémie, anxiogène pour beaucoup de monde, nous sommes également contacté par des entreprises pour intervenir auprès des salariés » poursuit Rémy Ramadour.
Un outil pour construire
Ullo a commercialisé une solution créative « Garden » qui combine la réalité augmentée et l’expérience sensorielle. Cette approche innovante, non médicamenteuse, vise la réduction du stress et la stimulation des patients. « Avec cet outil, nous allons chercher une disponibilité cognitive, d’abord en ancrant la personne dans l’instant, c’est le but du bac à sable que la personne va utiliser. Dans un second temps, la personne est stimulée visuellement grâce à un jeu de couleurs qui lui offre la possibilité de créer un paysage. Enfin, s’ajoutent des bandes audio avec des cycles de sons apaisants. Cette configuration permet au patient de s’engager dans ce qu’il fait. C’est cet engagement que l’on recherche pour favoriser la partie soins et pour que ce moment se passe bien. Il est également possible d’équiper la personne de capteurs permettant de modifier le paysage créé et de calquer ses mouvements et ondulations pour réguler la respiration de la personne» explique Rémy Ramadour.
L’expérience montre que des autistes ou seniors apathiques retrouvent des émotions et verbalisent leur ressenti. Cette reconstruction de la relation favorise l’engagement des patients et l’interaction avec leur environnement tout en répondant aux attentes des soignants. Dans la même veine Ullo propose d’autres outils spécifiques comme Flower. L’entreprise basée à La Rochelle continue son développement et compte 8 salariés permanents (neuropsychologue, producteur de contenus numériques...) et une dizaine d’alternants. Pour Rémy Ramadour, ce travail sur la relation invite à un partage propice aux soins et au bien-être des patients. D’autres projets sont en cours.